Née à Alger en 1964, Nathalie Doyen vit et travaille
actuellement en Communauté française de Belgique.
Elle réalisa ce "nuage de porcelaine" durant l'année 2001 en confectionnant
une série de petits modules allongés, pincés entre les doigts et cuits.
Depuis toujours elle travaille de manière intuitive, se laissant d'abord
conduire par ses sens. Elle observe patiemment la nature et s'imprègne
de son rythme, de sa cadence. Pour cette réalisation, elle a sondé son
imaginaire, décomposé les images et les sensations pour enfin les transcrire
dans notre réalité.
Partant d'un matériau par définition dur et pesant, elle parvient, en
rassemblant ses impressions, à élaborer une délicate nuée. A la fois légère
et diffuse, elle semble n'être que poésie.
Suspendue dans les airs grâce à des fils à coudre, elle investit discrètement
l'espace afin de communier avec son environnement. Les petits bâtonnets
blancs, comme une multitude de goutelettes d'eau, dialoguent avec le vide
et diffusent la lumière de toutes parts.
Entre songe et réalité, même le souffle du vent semble présent, sous-entendant
un mouvement houleux continu mais si délicat que résolument imperceptible.
Issu de l'univers onirique de l'artiste, ce nuage nous apparaît comme
une entité presque surnaturelle. Incarnant le caractère éphémère et merveilleux
d'une rêverie, il la perpétue dans notre réalité objective.
Soufflant au dessus de nos têtes, il dépasse l'échec d'un monde où les
rêves sont vains et où le temps réduit toute chose au néant. Invitation
céleste vers le royaume des songes, il témoigne de l'incroyable pouvoir
de l'imagination, capable de trouver charme et poésie dans chaque infime
partie de l'univers.
Installé dans le grand hall du Musée Royal de Mariemont, il semble poursuivre
sa course, n'être que de passage. Arrivant des hautes sphères, il s'est
faufilé dans cet espace de lumière d'où il peut profiter, sous le regard
du visiteur, des grandes étendues de verdures que laissent découvrir de
larges baies vitrées.